Ces FAQ ont été préparées par des pédiatres et des spécialistes en maladies infectieuses qui consacrent une bonne partie de leur formation continue depuis de nombreuses années au domaine des vaccinations.
Médecins consultants d’Infovac, ces spécialistes sont de plus en plus fréquemment sollicités par des collègues qui s’interrogent sur les vaccins. Ils ont donc fait l’inventaire des questions les plus fréquentes et préparé des réponses basées sur les évidences scientifiques disponibles à ce jour.
Est-ce vrai que la durée de protection garantie contre l’hépatite B n’est que de 5 à 10 ans alors que le risque d’infection survient essentiellement entre 20 et 35 ans ?
Même si les anticorps de vaccination peuvent effectivement disparaître après quelques années, de nombreuses études ont formellement démontré la persistance de la protection au delà de leur disparition, grâce à l’immunité mémoire et à sa réactivation plus rapide (4-7 jours pour que des anticorps soient à nouveau présents dans le sang) que l’incubation de l’hépatite B (4-12 semaines…
Référence : Are booster immunisations needed for lifelong hepatitis B immunity? European Consensus Group on Hepatitis B Immunity. Lancet 2000; 355(9203):561-5.
Est-ce vrai que sur la base des informations disponibles actuellement, l’efficacité des vaccins coqueluche acellulaires est meilleure que celle des vaccins à germes entiers, même si elle laisse encore à désirer?
C’est faux: il ne suffit pas de faire référence à des ouvrages mal documentés pour qu’une affirmation devienne vraie. Les vaccins acellulaires sont bien mieux tolérés, mais leur efficacité est un peu plus faible que les vaccins à germes entiers.
Références :
Greco D, Salmaso S, Mastrantonio P, Giuliano M, Tozzi AE, Anemona A, et al. A controlled trial of two acellular vaccines and one whole-cell vaccine against pertussis. Progetto Pertosse Working Group. N Engl J Med 1996; 334(6):341-8.
Gustafsson L, Hallander HO, Olin P, Reizenstein E Storsaeter J. A controlled trial of a two-component acellular, a five-component acellular, and a whole-cell pertussis vaccine. N Engl J Med 1996; 334(6):349-55.
Est-ce vrai que les femmes enceintes qui ont été vaccinées dans leur enfance ont une protection plus faible contre la rubéole que celles qui ont surmonté la maladie naturellement ?
Cela n’est pas exact.
Certes, les taux d’anticorps sont moins élevés après une vaccination avec un virus atténué qu’après une infection avec un virus sauvage, mais cela ne se traduit pas en une diminution de la protection.
Deux doses de vaccins permettent la protection de plus de 99% des futures mères.
Référence : Compendium Suisse des Médicaments.
Est-ce vrai que malgré deux vaccinations contre la rougeole, au moins 5% des vaccinés ne développent pas de protection et 10% une protection insuffisante, les exposant ainsi à une rougeole à l’âge de jeune adulte, âge auquel le risque d’encéphalite est beaucoup plus élevé ?
C’est faux. Après 2 doses, l’efficacité du vaccin contre la rougeole dépasse 97%.
Et les non-répondeurs à la vaccination sont à risque de rougeole à tout âge – et non seulement comme jeunes adultes. Pourtant, ils pourraient être protégés par l’immunité de groupe… si les enfants de Suisse étaient aussi bien vaccinés que les petits Finlandais, où que les enfants du Tadzykistan !
Référence : Compendium Suisse des Médicaments
« L’objectif de la campagne de vaccination officielle est d’éradiquer la rougeole. Pour cela, un taux de couverture vaccinale de la population supérieure à 95% devrait être atteint. Mais depuis 1991, seuls 80% de tous les enfants suisses sont vaccinés contre la rougeole. Ainsi, le but officiel d’éradication doit être considéré comme peu réaliste… »
L’objectif de l’O.M.S. pour la région Europe est effectivement de ne plus voir d’enfants mourir de rougeole en Europe, grâce à son élimination. Ce qui pouvait sembler une gageure impossible il y a encore 10 ans est en passe de devenir réalité, la rougeole disparaissant progressivement de nombreux pays, y compris en Europe du Nord et de l’Est.
Ainsi, la Suisse (avec l’Allemagne, la France et l’Italie) devient effectivement un des derniers bastions européen du virus de la rougeole. Une situation qui est une conséquence directe des oppositions à la vaccination ROR déclenchées dans notre pays dès l’introduction de cette vaccination - et qui nous préoccupe…
Références :
Kapp C. WHO and UNICEF report good news on measles. Lancet 2004; 363(9420):1531.
Progress towards measles elimination, western hemisphere, 2002-2003. Wkly Epidemiol Rec 2004; 79(15):149-51.
de Quadros CA. Can measles be eradicated globally? Bull World Health Organ 2004; 82(2):134-8.
Czarkowski MP Kondej B. [Measles in Poland in 2002]. Przegl Epidemiol 2004; 58(1):21-7.
Est-ce vrai que la vaccination contre la polio laisse 5% des personnes sans protection ou sans protection suffisante ?
Cette affirmation est fausse, comme le montrent les études réalisées avec les vaccins utilisés en Suisse dont l’immunogénicité atteint 98-100%.
Référence : Aristegui J, Dal-Re R, Diez-Delgado J, Mares J, Casanovas JM, Garcia-Corbeira P, et al. Comparison of the reactogenicity and immunogenicity of a combined diphtheria, tetanus, acellular pertussis, hepatitis B, inactivated polio (DTPa-HBV-IPV) vaccine, mixed with the Haemophilus influenzae type b (Hib) conjugate vaccine and administered as a single injection, with the DTPa-IPV/Hib and hepatitis B vaccines administered in two simultaneous injections to infants at 2, 4 and 6 months of age. Vaccine 2003; 21(25-26):3593-600.
Est-ce vrai que parallèlement à l’introduction du vaccin le nombre des méningites à Hib a significativement diminué en Suisse, celui des méningites à méningocoques a presque doublé depuis 1995 ?
Cette affirmation est périmée et implique un faux sous-entendu !
Les infections à méningocoques du groupe C ont effectivement augmenté entre 1995 et 2000, comme cycliquement dans un pays endémique comme la Suisse, mais ont diminué spontanément entre 2000 et 2004 alors que plus de 95% des nourrissons sont vaccinés chaque année contre HIB !
La vaccination contre HiB ne peut donc pasêtre responsable de l’augmentation transitoire des cas de méningocoques du groupe C.
Référence : Office Fédéral de la Santé Publique. Déclarations des maladies transmissibles.
Est-ce vrai qu’au cours des dernières années, on a observé une augmentation de maladies graves causées par des bactéries HIB devenues résistantes aux vaccins ?
Non. Cette affirmation est fausse.
Il est vrai qu’une augmentation relative des infections invasives à HiB a été observée en Angleterre et dans certaines tribus en Alaska chez des sujets vaccinés. Mais ce sont cependant des bactéries « ordinaires » - et non des souches résistantes aux vaccins – qui sont responsables de ces échecs vaccinaux.
Est-ce vrai que même si l’on effectue la première vaccination coqueluche déjà à l’âge de 2 mois, une protection significative contre les complications n’apparaît qu’après le 2e vaccin, donc après le 4e mois ? Cette vaccination vient donc trop tard pour le groupe particulièrement vulnérable des petits nourrissons ?
Cette affirmation suggèrent que la vaccination est inutile puisque ceux qui en auraient le plus besoin n’en bénéficient pas. C’est faux.Des études récentes ont montré que la première dose de vaccin donnée à l’âge de 2 mois diminuait déjà de 65% le risque de devoir être hospitalisé pour une coqueluche!
Cette protection augmente avec la 2e et la 3e dose, que nous recommandons donc aussi précocement que possible.
Références :
Olin P, Gustafsson L, Barreto L, Hessel L, Mast TC, Rie AV, et al. Declining pertussis incidence in Sweden following the introduction of acellular pertussis vaccine. Vaccine 2003; 21(17-18):2015-21.
Juretzko P, von Kries R, Hermann M, Wirsing von Konig CH, Weil J Giani G. Effectiveness of acellular pertussis vaccine assessed by hospital-based active surveillance in Germany. Clin Infect Dis 2002; 35(2):162-7.
Est-ce vrai que trois vaccins suffisent pour l’immunisation de base contre le tétanos lorsque celle-ci est différée ?
Oui.
Mais ces 3 doses de vaccins (données entre 1 et 2 ans) ne protègent que jusque vers l’âge de 5 ans environ, âge auquel un premier rappel devient indispensable pour maintenir la protection.
Est-ce vrai ?
Non.
La vaccination combinée rougeole-oreillons-rubéole est aussi efficace que 3 vaccinations séparées.
Les vaccinations contre le tétanos ou la poliomyélite sont tout aussi efficaces lorsqu’elles sont données avec les vaccins coqueluche et diphtérie.
Le pourcentage d’enfants répondant à la vaccination contre l’hépatite B n’est pas plus faible après vaccination des nourrissons par un vaccin combiné (vaccins hexavalents) qu’après la vaccination des adolescents par un vaccin isolé.
Le vaccin contre la méningite à Haemophilus influenzae du groupe b n’est pas moins efficace lorsqu’il est donné en combinaison avec diphtérie-tétanos et coqueluche à germes entiers (Pw): ce sont d’ailleurs bien ces vaccins combinés qui ont permis la diminution des cas de méningite à HIB en Angleterre (de 22.9 à 0.5 sur 100'000 entre 1990 et 1998.
La difficulté rencontrée dans le développement des vaccins combinés a été le remplacement des vaccins coqueluche à germes entiers (Pw) par les vaccins acellulaires (Pa), pour avoir des vaccins contre la coqueluche qui soient mieux supportés. Il est vrai que le taux d’anticorps contre HIB diminue dans la plupart des vaccins qui le combinent au vaccin coqueluche acellulaire. Mais cette diminution est sans conséquence sur l’efficacité vaccinale si le programme de vaccination inclut, comme en Suisse, une dose de rappel dans la 2e année de vie. Il a d’ailleurs suffit aux Anglais de donner une dose supplémentaire de vaccin combiné pour que les méningites à HIB diminuent à nouveau…
Références :
Edees S, Pullan CR Hull D. A randomised single blind trial of a combined mumps measles rubella vaccine to evaluate serological response and reactions in the UK population. Public Health 1991; 105(2):91-7.
Begue P, Stagnara J, Vie-Le-Sage F, Bernard JC, Xerri B Abitbol V. Immunogenicity and reactogenicity of a booster dose of diphtheria, tetanus, acellular pertussis and inactivated poliomyelitis vaccines given concurrently with Haemophilus type b conjugate vaccine or as pentavalent vaccine. Pediatr Infect Dis J 1997; 16(8):787-94.
Mallet E, Belohradsky BH, Lagos R, Gothefors L, Camier P, Carriere JP, et al. A liquid hexavalent combined vaccine against diphtheria, tetanus, pertussis, poliomyelitis, Haemophilus influenzae type B and hepatitis B: review of immunogenicity and safety. Vaccine 2004; 22(11-12):1343-57.
Zepp F, Knuf M, Heininger U, Jahn K, Collard A, Habermehl P, et al. Safety, reactogenicity and immunogenicity of a combined hexavalent tetanus, diphtheria, acellular pertussis, hepatitis B, inactivated poliovirus vaccine and Haemophilus influenzae type b conjugate vaccine, for primary immunization of infants. Vaccine 2004; 22(17-18):2226-33.
Heath PT McVernon J. The UK Hib vaccine experience. Arch Dis Child 2002; 86(6):396-9.
Slack MP, Azzopardi HJ, Hargreaves RM Ramsay ME. Enhanced surveillance of invasive Haemophilus influenzae disease in England, 1990 to 1996: impact of conjugate vaccines. Pediatr Infect Dis J 1998; 17(9 Suppl):S204-7.
Eskola J, Olander RM, Hovi T, Litmanen L, Peltola S Kayhty H. Randomised trial of the effect of co-administration with acellular pertussis DTP vaccine on immunogenicity of Haemophilus influenzae type b conjugate vaccine. Lancet 1996; 348(9043):1688-92.
Kovel A, Wald ER, Guerra N, Serdy C Meschievitz CK. Safety and immunogenicity of acellular diphtheria-tetanus-pertussis and Haemophilus conjugate vaccines given in combination or at separate injection sites. J Pediatr 1992; 120(1):84-7.
Schmitt HJ, von Kries R, Hassenpflug B, Hermann M, Siedler A, Niessing W, et al. Haemophilus influenzae type b disease: impact and effectiveness of diphtheria-tetanus toxoids-acellular pertussis (-inactivated poliovirus)/H. influenzae type b combination vaccines. Pediatr Infect Dis J 2001; 20(8):767-74.
Est-ce vrai que les mères vaccinées ne transmettent pas à leurs enfants la même protection contre les maladies d’enfance que les mères ayant fait ces maladies ?
Non. Il n’y a aucune donnée suggérant que la qualité des anticorps transmis de la mère à l’enfant soit moins bonne après un vaccin qu’après une maladie. Les seules différences concernent la quantité d’anticorps présents chez la mère, qui détermine la durée de la protection. Ce taux d’anticorps est plus faible chez les enfants de mères vaccinées par des virus vivants atténués (rougeole, rubéole, oreillons, varicelle), dont le système immunitaire est moins fortement stimulé que par les virus sauvages. La protection est donc tout aussi bonne, mais d’une durée plus courte.
Ceci a été pris en compte dans la recommandation d’avancer l’âge de la première vaccination rougeole-oreillons-rubéole (R.O.R.) de 15 à 12 mois.
Mais cette affirmation est fausse pour tous les autres vaccins: les mères qui ont été vaccinées contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyéliteou l’hépatite B protègent mieux leurs nourrissons que les mères non vaccinées…